Caractérisation moléculaire longitudinale du cancer mortel de la prostate : une avancée majeure vers l'oncologie de précision

Objectifs :

  1. Identifier les facteurs de létalité par séquençage multi-omique (génome, méthylome, transcriptome, protéome) des tumeurs primaires et des tissus prostatiques bénins provenant de 300 patients ayant subi une prostatectomie radicale (PR) : 100 atteints d'un cancer de la prostate (PCa) mortel, 100 présumés guéris (aucune récidive > 10 ans après la RP) et 100 présentant une récidive et stables depuis > 5 ans sous traitement antiandrogénique (ADT).
  2. Suivre longitudinalement les molécules et les changements moléculaires les plus prometteurs dans les biopsies liquides en série conservées en banque provenant de ces patients. Cela inclura les gènes représentant les sous-types de cellules prostatiques et codant pour les cibles médicamenteuses.
  3. Profilage des sous-types de cellules PCa dans les tumeurs par imagerie spatiale et des CTC dans des biopsies liquides collectées en série par séquençage transcriptomique unicellulaire.
  4. Réinscrire les patients présentant une récidive tardive et/ou un échec thérapeutique pour des prélèvements sanguins plus fréquents afin de tester les panels de gènes définis en (2) en fonction des thérapies supplémentaires dans le cadre d'essais cliniques internes ou sponsorisés par l'industrie pharmaceutique.
  5. Intégrer les résultats en fusionnant les données omiques avec les données cliniques et sociodémographiques des patients et leur réponse/résistance aux médicaments ou aux nouvelles thérapies.
  6. Développer des approches d'apprentissage automatique et d'intelligence artificielle afin d'identifier les paramètres cliniquement applicables pour distinguer des catégories spécifiques de patients et avoir un impact sur la mortalité liée au cancer de la prostate.

 

Résumé :

Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes canadiens, représentant 20 % de tous les cancers. La maladie est très hétérogène et difficile à traiter sur le plan clinique en raison de sa nature biologique imprévisible. Bien qu'elle puisse être guérie par chirurgie et/ou radiothérapie, 25 à 35 % des patients connaissent une récidive et sont traités par des thérapies non curatives successives. Ils finissent par développer des métastases et passent d'un stade sensible/réactif aux androgènes à un stade résistant à la castration/indépendant des androgènes lorsqu'ils atteignent le stade terminal. Le cancer de la prostate est la troisième cause de décès par cancer chez les hommes canadiens. Parmi les autres cancers, le cancer de la prostate mortel présente une trajectoire inhabituellement longue, souvent supérieure à 10 ans, ce qui rend difficile l'étude des changements biologiques longitudinaux liés à la progression du cancer, à la résistance au traitement et au décès. La recherche sur le profilage individuel des cancers s'est considérablement améliorée grâce à des techniques moléculaires plus précises. Cependant, les résultats n'ont pas encore conduit à des changements significatifs dans la pratique clinique, car ils sont limités par le manque d'informations de suivi et le faible nombre de cas mortels dans les cohortes. Pour surmonter ces limites, nous avons accès à des tissus prostatiques et à des échantillons sanguins prélevés de manière longitudinale, ainsi qu'à des informations cliniques détaillées provenant des patients de la biobanque prospective PROCURE. La cohorte comprend plus de 2 000 participants québécois recrutés entre 2006 et 2013 et toujours suivis en 2021. Cette longue période de suivi nous a permis d'identifier les cas les plus graves et mortels afin de mener une étude de profilage complète depuis le diagnostic, en passant par les différentes étapes du traitement, jusqu'au décès, ce qui n'avait jamais été fait auparavant. Nous prévoyons d'identifier dès le départ les changements moléculaires et génétiques clés qui déterminent la létalité ou qui sont acquis au cours de la maladie. Cette comparaison entre les caractéristiques initiales du cancer au moment du diagnostic et les changements génétiques observés lors des analyses sanguines périodiques tout au long du parcours du patient en fait une combinaison unique et précieuse pour parvenir à une véritable médecine de précision.