Identification de biomarqueurs pour déterminer la durée du traitement par immunothérapie chez les patients atteints de mélanome

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Recherche des conditions optimales d'immunothérapie dans le mélanome métastatique afin d'améliorer les résultats et l'expérience des patients

Le mélanome est la forme la plus mortelle de cancer de la peau. Avant 2010, les résultats étaient extrêmement médiocres pour la plupart des patients atteints d'un mélanome métastatique, c'est-à-dire dont le cancer s'était propagé à d'autres parties du corps. Heureusement, une classe de traitements appelés inhibiteurs de points de contrôle immunitaires (ICI) a considérablement amélioré la survie de certains patients, voire permis la guérison dans certains cas. Cependant, certains patients ne répondent pas au traitement par ICI et d'autres souffrent d'effets secondaires graves. Les chercheurs ne comprennent pas entièrement pourquoi certains patients répondent au traitement et d'autres non, et ils ne peuvent pas prédire avec précision qui y répondra, ce qui est nécessaire pour administrer de manière optimale ce traitement coûteux et parfois toxique aux personnes les plus susceptibles d'en bénéficier.

 Le traitement ICI standard pour les patients atteints d'un mélanome métastatique est de deux ans. Bien que des essais cliniques aient montré que cette durée améliore la survie des patients, la période de deux ans a été choisie arbitrairement lors des premiers essais. Étant donné que les essais ultérieurs n'ont pas testé différentes durées de traitement, on ne sait toujours pas si deux ans est la durée optimale du traitement.

Pour répondre à cette question, le Groupe canadien des essais sur le cancer (GCEC) a lancé un essai clinique de phase III appelé ME13 STOP-GAP. L'étude principale vise à déterminer si les patients atteints d'un mélanome métastatique ont la même survie, une meilleure qualité de vie et moins d'effets secondaires lorsqu'ils reçoivent un traitement intermittent (où des pauses sont observées une fois que le mélanome a atteint sa taille minimale jusqu'à ce que l'on détecte à nouveau une croissance) par rapport à ceux qui reçoivent un traitement continu pendant deux ans. L'essai est coprésidé par la Dre Tara Baetz (Centre des sciences de la santé de Kingston) et le Dr Xinni Song (Centre de cancérologie de l'Hôpital d'Ottawa) et bénéficie du soutien financier de la Société canadienne du cancer.

Pour tirer parti de cet essai novateur, le Réseau des centres d'oncologie du Marathon de l'espoir (MOHCCN) finance une sous-étude qui prévoit le prélèvement et l'analyse d'échantillons de sang et de mélanomes chez les patients participant à l'essai principal. L'équipe de scientifiques chargée de cette sous-étude est dirigée par le Dr Ian Watson, chercheur au Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman (GCI) de l'Université McGill et à l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), le Dr Janet Dancey, directrice du CCTG, et les Drs Baetz et Song. Elle comprend des chercheurs d'institutions du Québec, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique.

L'équipe utilisera le financement du MOHCCN pour générer des données de séquençage du génome entier et du transcriptome (WGTS, whole-genome and transcriptome sequencing en anglais) et recueillir des informations cliniques détaillées, telles que le diagnostic, le traitement et les détails de la réponse, auprès de chaque patient. Ces données seront versées à la Cohorte de référence du MOHCCN, qui est en passe de devenir la resource de cas de cancer la plus importante et la plus complète au Canada et qui contribuera à faciliter les progrès en oncologie de précision. La sous-étude a également reçu un financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) afin de générer des types de données supplémentaires, tels que le profilage épigénétique et la caractérisation des populations de cellules immunitaires dans des échantillons de tumeurs et de sang.

« Dans le cadre de ce projet, explique le Dr Watson, nous réunirons des experts scientifiques utilisant des technologies de pointe dans le but d'identifier des marqueurs présents dans le sang ou dans des échantillons de mélanome prélevés sur des patients. La découverte de ces marqueurs pourrait déboucher sur des tests cliniques permettant de prédire si un patient répondra au traitement par ICI ou s'il présentera des effets secondaires, ou encore d'identifier les patients qui peuvent arrêter le traitement. Cela aurait des implications importantes pour l'amélioration des résultats et la réduction de la durée du traitement, ce qui contribuerait à limiter les effets secondaires et à réduire les coûts pour les systèmes de santé. »

Ce projet met en évidence les forces et les avantages des efforts de collaboration pancanadiens et des essais cliniques centrés sur le patient. « Les essais qui testent les doses, les calendriers ou la durée optimaux des traitements sont le plus souvent menés par des coopératives universitaires », explique le Dr Dancey. « Les partenariats tels que celui entre le MOHCCN et le GCEC sont extrêmement importants pour améliorer la médecine de précision en identifiant les marqueurs qui prédisent la réponse au traitement. Ces marqueurs peuvent être utilisés pour personnaliser l'approche thérapeutique de chaque patient, ce qui peut permettre de raccourcir la durée du traitement, de réduire la toxicité et d'améliorer la qualité de vie sans affecter la survie, offrant ainsi aux patients le temps et les expériences qu'ils apprécient et améliorant leur parcours de soins contre le cancer. »