Au-delà de la première ligne – Cibles potentielles dans le carcinome épidermoïde cutané avancé et à haut risque

Objectifs : 

  1. Identifier rétrospectivement et prospectivement de nouvelles cibles exploitables dans le CEC cutané (CECc) avancé et à haut risque ,
  2. collectées dans le cadre d'une initiative de biobanque sur le cancer de la peau.
  3. Déterminer avec précision les changements moléculaires et cellulaires clés du CECc à haut risque au CECc localement avancé et
  4. métastatique, y compris après des événements cliniquement pertinents tels que le développement d'une métastase, une
  5. récidive locale ou l'échec de l'immunothérapie de première ligne
  6. Promouvoir les efforts de recherche sur un cancer peu étudié, mais très courant au Canada

Summary

Le carcinome épidermoïde cutané (CECc) est le deuxième cancer le plus fréquent chez l'être humain au Canada, et le deuxième cancer de la peau le plus fréquent. Chez les personnes à la peau claire, le risque à vie avoisine les 15 à 20 %, juste derrière un autre cancer de la peau, le carcinome basocellulaire. À l'instar des autres cancers de la peau autres que le mélanome, les taux d'incidence du CEC ont augmenté d'environ 200 % au cours des dernières décennies et continuent de progresser. Le risque de métastases du cSCC est estimé à 4 %, mais dans certaines tumeurs à haut risque, telles que celles qui sont épaisses ou qui se développent à certains endroits du corps (lèvres, oreilles), il peut atteindre 16 %. Bien que les rayons ultraviolets (UV) soient le principal facteur de risque de développement d'un CEC, l'exposition à certains facteurs environnementaux (radiations, arsenic, produits chimiques), les virus (VPH) et certaines conditions médicales (comme la transplantation d'organes solides) peuvent aggraver le risque de développer un CEC à haut risque, avancé et mortel, jusqu'à 250 fois supérieur chez les patients ayant subi une transplantation d'organe. Le CEC est responsable de plus du double du nombre absolu de décès par mélanome, avec un coût social 50 % plus élevé. La chirurgie reste la principale modalité de traitement pour les patients atteints de CEC. La radiothérapie peut également être utilisée dans certains cas. Les options systémiques sont extrêmement rares. Le traitement anti-PD-1 de première intention a été utilisé pour le CECc localement avancé et métastatique, avec un taux de réponse global d'environ 50 %. Cependant, en cas d'échec, il n'existe aucune autre option. Les thérapies ciblées, y compris les inhibiteurs de l'EGFR, ont toutes donné des résultats très médiocres en termes de survie. Il est donc essentiel d'identifier de nouvelles options thérapeutiques et de comprendre la progression du CECc à haut risque vers le CECc avancé au niveau moléculaire.

L'initiative de biobanque sur le cancer de la peau du HGJ recueille de manière générale des tumeurs provenant de patients atteints de tous les types de cancer de la peau, y compris les trois variétés les plus courantes – le carcinome basocellulaire, le carcinome spinocellulaire et le mélanome – et à tous les stades (risque faible précoce, risque élevé précoce, localement avancé, récurrent, métastatique, résistant au traitement). Notre biobanque tire parti de cliniques multidisciplinaires uniques spécialisées dans le cancer de la peau (mélanome, cancer de la peau autre que le mélanome, lymphome cutané) et d'un centre de chirurgie micrographique de Mohs très fréquenté, dont la zone de desserte couvre tout le Québec et l'est du Canada. Notre biobanque est à la fois rétrospective et prospective, en tant que biobanque de deuxième génération. Par exemple, un patient peut se présenter avec une tumeur primaire à haut risque, puis avec une métastase locale, subir une immunothérapie, puis connaître une récidive cutanée – tous ces événements seraient alors recueillis grâce à des prélèvements tissulaires.

Grâce à la médecine de précision, nous cherchons à identifier des cibles moléculaires potentielles qui seront ensuite testées dans des modèles expérimentaux (lignées cellulaires, xénogreffes) en vue du développement de nouveaux traitements. Compte tenu du nombre élevé de cas de CECc, la prédiction des cas les plus susceptibles de se propager et de récidiver, afin de mettre en place une prise en charge initiale plus agressive, permettrait d'améliorer les résultats et la qualité de vie des patients. Compte tenu de leur charge tumorale élevée (50 mutations par mégabase), juste derrière le carcinome basocellulaire, ces tumeurs accessibles constituent un excellent modèle pour comprendre l'hétérogénéité tumorale et les changements cellulaires dans le microenvironnement. Enfin, les CECc sont assez peu étudiés malgré leur prévalence élevée, leur mortalité absolue relativement élevée et, surtout, leur morbidité extrême (même les cas locaux peuvent entraîner des plaies qui ne guérissent pas et une détérioration de la qualité de vie due à des interventions chirurgicales importantes) – nous espérons sensibiliser davantage le public à ce cancer évitable.